Populiste dirons certains à la veille d’élections à venir ! 12 milliards d’€ d’impôts et taxes pour la « ressource en eau » par-ci…1,5 millions d’€ d’argent des pêcheurs du 63 par-là ! les chiffres donnent le tournis …
Nos rivières « crèvent » et nous pécheurs aussi ! Nous appelons à une simple refonte globale des priorités de nos structures associatives, compte tenu des résultats globaux obtenus !
Un constat simple…
1- Un effondrement constant et hémorragique des adhérents depuis de nombreuses années…En 10 ans, le nombre de licences « majeures » (interfédérales + départementales) est passé d’un peu moins d’1 million à 761 000 : une baisse de presqu’un quart des effectifs de pêcheurs « réguliers » en seulement 10 ans…
2- L’état des masses d’eau de surface n’évoluent pas ou si peu..
Evalués à minima tous les 6 ans en réponse à « La directive-cadre sur l’eau adoptée au niveau européen en 2000 » :
- 44,3% des cours d’eau sont en bon ou très bon état en 2015, contre 42,4% en 2009 ;
- 29,2% des plans d’eau sont en bon ou très bon état en 2015, contre 16,4% en 2009.
« Les résultats, hétérogènes selon les bassins hydrographiques, sont étroitement liés aux pressions qui s’y exercent (population, pollution historique, agriculture intensive, industries, etc.). L’évolution observée entre 2009 et 2015 s’explique en partie par celle des méthodes d’évaluation des éléments de qualité »…Dixit l’Etat et son ministère. Sous entendu à quoi servent les actions financées par nos impôts et autres taxes ?…Tenez vous bien! Ce sont près de 12 milliards d’euros investis sur cette période pour les 6 agences de l’eau nationales…12 milliards d’impôts et de taxes prélevés, d’actions financées, d’emplois créés…et aucun résultat significatif mesurable ! ne vous inquiétez pas, on continue…un peu plus de 11 milliards prévus pour le prochain « plan ».
Plus que des mots, deux diagrammes qui parlent d’eux-mêmes! Des résultats sans appels!
PS : Au niveau européen, 40 % des eaux de surface présentent un bon état écologique ou un bon potentiel écologique en 2015… La France, une grande nation ? Non juste moyenne, voir pire en comparaison de sa puissance économique.
Des solutions à imaginer.
Si ces investissements colossaux concernent tous les citoyens dont les pêcheurs, plus localement notre fédération, chargée statutairement de la « protection » des milieux aquatiques, dispose d’un budget annuel constant d’environ 1,2 millions d’€. Une constance qui ne concerne qu’elle seule puisque le budget des AAPPMA du 63 est en constante régression depuis 5 ans (30 % environ sur la période).
Elle consacre environ 250 000 € en moyenne à la « connaissance du milieu aquatique et à l’animation de sa protection » : Inventaires, Assistances techniques, Etudes, et autres compte rendus de réunions sont ainsi réalisés au profit d’une multitude d’acteurs, tous concernés par la qualité de l’eau, à priori. Une somme conséquente illustrant le travail impliqué, dévoué et reconnu des 5 salariés dédiés en moyenne. 250 000€ « d’argent des pêcheurs » chaque année investis dans l’attente d’un résultat toujours en devenir : Des poissons sauvages dans nos lacs et rivières !
Ainsi le système pêche de loisir associatif national investit sur ses seules recettes approximativement 20 millions d’€ annuellement pour cette « protection », et une hypothétique reconquête des milieux, et ce depuis de très nombreuses années.
De quoi s’interroger donc, une chute constante de nos effectifs malgré un contexte loisir « vert » plutôt favorable, une volatilité des pratiquants accentuée, consommateurs du loisir pêche désormais plus que de « véritables » adhérents militants, une volonté « à tout prix », « jusqu’au-boutiste » même, d’investir 20 à 25 % des cotisations du système dans une « connaissance technique » qui peine à produire le moindre résultat mesurable en complément de sommes « publiques » colossales investies, et d’une dévotion infinie des salariés de nos structures associatives : un acharnement stérile, non? un simple constat! A peine provocateurs, nous sommes désormais à minima interrogatifs voir dubitatifs sur cette logique!
Certains diront, « Certes… mais sans cet investissement cela pourrait être pire !« …peut-être …peut être pas…vu qu’on ne sait pas évaluer notre action! Les autres pays européens sont au même niveau, s’il ne fallait opposer qu’un argument ! De quoi sérieusement douter !
Il semble donc urgent de réagir avant que de sérieux problèmes économiques paralysent notre action collective et menace définitivement la pérennité de notre loisir favori.
Concentrer les actions pour gagner en efficacité.
Nous l’avons vu les échelles d’investissement nécessaires à une éventuelle amélioration des milieux sont hors de portée pour nos structures : 12 milliards tous les 6 ans n’y arrivent déjà pas ! Les orientations des politiques d’investissement d’Etat, via ces 6 agences de l’eau, sont aussi hors de portée de notre influence et ce malgré toute notre connaissance des milieux. Le constat d’échec est sans appel, nos systèmes d’influence n’existent pas et n’existeront jamais…ni militants, ni lobbysme…nous ne produisons que des « vigies des cours d’eau » et encore…plutôt le weekend ! Et nous ne « vendons » malgré tout qu’une promesse : celle du plaisir « pêche » au bord de l’eau !
La faillite récente de la FNPF au travers de sa gestion de la crise Covid-19 en illustration parfaite de « l’excellence des relations » qu’elle nourrit avec l’ensemble des décideurs politiques, en illustration remarquable aussi de notre capacité d’influence bien sûr! Par ailleurs le constat est identique pour ses structures « aval » dans leur immense majorité : les 94 fédérations départementales et les 3700 AAPPMA ! (Nonobstant des quelques rares cas d’exception qui, localement, font un travail d’exception…ils nous excuseront ! Les derniers « Avengers » surement !).
En effet les instances décisionnaires (Ministères, Préfectures, Agences de l’eau, SAGE, CLE et autres assemblées multipartites…), où qu’elles se situent, nous « rient au nez » malgré nos millions d’€ de contributions gratuites en « connaissance et en expertise », la seule pourtant, et pour ne pas dire l’unique à subsister aujourd’hui de manière pérenne et étendue. Ce n’est pas la concurrence qui nous tue dans ce domaine!
Pourquoi investir donc si nous ne récoltons « aucuns fruits » ? Serions-nous les gentils philanthropes, altruistes, telles des « sardines » au milieu d’assemblées de « requins » ? Supportant les risques financiers, humains et sociales de cette mission, si noble soit elle qu’elle ne mérite aucunes rétributions…fussent-elles de quelques points sur une échelle de valeurs, même européenne ! Ne serions nous pas les truites des amandes, ou les dindons de la farce ? Roustan comme cuisinier en chef de ce repas indigeste!
Aussi, dispersés et inefficaces, ne serions nous pas plus « pertinents » en nous concentrant sur la protection de notre patrimoine identifié « conforme » : les 44 % de nos cours d’eau en « bon état » par exemple, afin d’y définir des véritables « programmes de conservation » des espèces repères de Plans Départementaux pour la Protection des milieux aquatiques et la Gestion des ressources piscicoles (Brochet, truite, ombre pour l’essentiel des PDPG) ?
Mieux, face à l’inéluctable en cours, ne pourrions-nous pas anticiper les conséquences d’un réchauffement climatique inévitable et l’augmentation moyenne des températures des cours d’eau salmonicoles en cours et à venir, afin de définir une nouvelle cartographie de notre « patrimoine salmonicole indigène » à défendre (en substance identifier les zones « refuge » des différentes « souches génétiques » des divers bassins versants français : leurs zones potentielles de conservation…5 souches concernées pour le Puy de Dôme par exemple !) ?
Au bas mot c’est au moins la moitié des masses d’eau en moins à « étudier », voir pour notre département majoritairement salmonicole, 80 % au moins des cours d’eau laissaient à leur sort inéluctable (comme depuis toujours entre parenthèse!).
Autant d’heures de travail, d’investissement réduit et à concentrer sur un patrimoine non plus à gérer mais « à conserver »…beaucoup plus facile à défendre et à maintenir au travers de programmes de conservation à « bien ficeler ». Des étendards à brandir au service d’un territoire désormais sacré…plutôt qu’une « autre » masse d’eau identifiée au sein d’une énième vallée : un gage d’efficacité à n’en pas douter du point de vue de la Protection du Milieu Aquatique !
Satisfaire les adhérents : une urgence absolue !
Nous vous avons oublié…Nous vous avons occulté…Réduit à une simple « carte de pêche » même « .fr » et à une simple cotisation. Nous vous avons « spamé » dans cette lutte de papier et de données. Nous nous sommes consumés, littéralement, au seul profit du « milieu aquatique » et à sa protection, vendue « plus noble » et que nous pensions défendre.
Maitriser les contextes aquatiques par une connaissance exhaustive pour garantir « des poissons » à exploiter et infine, le renouvellement constant de nos adhérents « satisfaits » d’une pêche de qualité : Une promesse sans effets et non tenue ! Si nous savons désormais…nous n’avons toujours pas les poissons…enfin pas tous ceux espérés !
La réalité occultée des résultats, nous l’avons vu, c’est aussi une dynamique sociétale qui a échappé à l’analyse et à l’adaptation de nos structures associatives. Les attentes des adhérents évoluent constamment, au gré des modes, des tendances, toutes accélérées par l’avènement du numérique ! Bridés par de vulgaires ambitions politiques minables le plus souvent, voir des guerres de clochers inextricables, les produits « pêche » proposés sont constamment inadaptés depuis la nuit des temps…Les adhérents, dans leur immense majorité peinent à trouver une satisfaction dans l’acte de pêche qu’ils ont choisi. Une satisfaction surement plus immédiate qu’il y a 20 ans certes, mais c’est ainsi !
Il faut garantir cette satisfaction en mettant les moyens, tous les moyens nécessaires dans la réponse à cette attente. L’enjeu devient vital pour la pérennité des structures associatives, des emplois associés, de notre avenir…Cela passe par des leviers financiers plus importants et ciblés…notamment là où les pêcheurs pratiquent majoritairement, des ressources dédiées à l’espèce cible recherchée souvent à « haute plus value » halieutique, en facilitant par tous les moyens la mise en œuvre des contextes techniques du moment et en garantissant la densité « quantitative et qualitative » de l’espèce visée… ou à défaut son « remplaçant ».
A quoi bon s’entêter à déverser traditionnellement des tonnes de truites Arc en ciel « portion » de 180 Gr « sans manches », « sans vie » même…une à deux fois l’an…dans un ruisseau lambda, par ailleurs ne permettant que la pratique d’une « pêche à soutenir », quasiment abandonnée aujourd’hui chez nous dans le 63 ! Ne serait-il pas plus judicieux de cibler l’attente majoritaire de « gros poissons », sauvages ou non, toujours de « sport » et dignes d’un selfie, en « grande rivière » apte à recevoir les techniques de pêche aux leurres, de dérive au toc, ou de pêche à la mouche…un plan adapté de gestion de la ressource (ici la truite), soit naturelle ou à artificialiser, selon les contextes du « patrimoine » désormais « à conserver ». Un plan identifié, suivi et animé tout au long de l’année…avec une véritable politique de suivi constant de la satisfaction.
On peut imaginer des plans similaires pour les carnassiers, les cyprinidés et tout particulièrement la carpe…ou toutes les « cibles » à venir, etc. Qu’attendons-nous ?
Comment ?
La réduction de l’effort financier sur la protection des milieux par la recherche d’une « conservation patrimoniale » réduite, à l’opposé du « saupoudrage » gratuit et actuel d’actions globales dispersées, permettrait d’amorcer un flux financier massif destiné à la satisfaction de l’adhèrent. Pour notre département qui consacre environ 180 000 € à l’effort d’empoissonnement divers et varié, on peut estimer que cette réorientation permettrait à terme de pratiquement doubler cet effort dédié à cette satisfaction, et ce à cotisations égales…C’est à dire à prix de carte constant autrement dit. Associé une refonte globale de notre patrimoine à étudier et à un arrêt de la valorisation « politique » des parcours à faible plus value, l’objectif est bien de concentrer les efforts plus importants sur des parcours réduits et mieux valorisés!
Il restera bien sûr la validation politique qu’une telle révolution impose! Celle des représentants élus : le grand challenge, toujours bloquant! Chancre du conservatisme le plus fort, ces assemblées sont l’expression la plus délétère de notre système : le berceau, voir le cercueil désormais, de l’immobilisme constant qui nous conduit à l’abysse…Les élections approchent! Il est peut être temps de rentrer dans l’ère de la co-construction et de la prise de conscience, de la courbe du changement si chère aux managers et de ne plus résister « mortellement »! Aucune AAPPMA de France n’y arrivera seule, pas plus qu’une fédération…ni même une région! A défaut de nous rendre l’argent, impôts ou cotisations, le salut passera déjà par l’obligation du résultat à ancrer au cœur des politiques d’évaluation des investissements des structures, pour l’état comme pour notre mouvement…Une obligation de résultats au service des seuls qui nous font tous exister : vous, nos adhérents par ailleurs des citoyens !