10 ans de suivi thermique de nos sondes implantées sur notre bassin versant pour évaluer l’un des paramètres capitaux du maintien possible de la faune piscicole actuelle soit l’espèce repère de nos plans de gestion : la truite Fario.
Pourquoi suivre les températures d’eau ?
Elle a besoin pour accomplir son cycle de vie d’eau qualifiée de fraîche, pure et bien oxygénée. En effet les seuils létaux de température sont observés pour les subadultes, plus sensibles, à partir de 17°C, et pour les adultes à l’approche des 25°C avec une « activité » très fortement ralentie dès 20°C.
Le maintien d’une population viable de Truite Fario passe donc par la capacité du milieu d’accueil à ne pas supporter des températures maintenues dans la durée et récurrentes annuellement dans des valeurs supérieures à 17°C. En effet, les effectifs des poissons subadultes diminuent à ce stade de moitié par tranche de 0,5 °degrés franchie (le seuil des 19° C étant la valeur haute de butée pour leur survie)…une hécatombe donc pour 2 degrés !
Autre point, ce suivi permet également d’évaluer la phase de vie « embryo-larvaire » (sous graviers) des futurs alevins. Cette durée de vie sous graviers est directement conditionnée par la température des eaux : cette période de développement des œufs étant capitale pour l’évolution du stock futur d’alevins.
De plus, il permet aussi d’évaluer le risque de développement de la Maladie Rénale Proliférative dont l’apparition chez la Truite Fario nécessite une T° des eaux d’au moins 15°C pendant 15 jours.
Les températures d’eau : le premier des paramètres « clé » du développement et du maintien des stocks de l’espèce TRF (truite Fario).
Qu’apprend-on pour la Couze Pavin ?
La phase de vie « embryo-larvaire » (sous graviers) des futurs alevins est de 135 jours en moyenne. Pour une ponte effective estimée fin novembre, les alevins de TRF quitteront les nids à la première quinzaine d’avril de l’année suivante, soit près de 4,5 mois plus tard ! La Couze Pavin est bien un torrent de montagne avec des températures d’eau hivernales très froides. En moyenne plus d’un jour sur 10 sur notre rivière révèle une eau inférieure à 4° C.
Par ailleurs, leur survie en période estivale n’est pas encore menacée, le seuil des 19°C n’étant atteint qu’à de très rares occasions et dans des durées cumulées de quelques heures.
La « température moyenne annuelle » de la Couze Pavin est de 9,6 °C, sans relative évolution sur la période des 10 années étudiée. Alors que la « température moyenne des 30 jours le plus chauds » évoluent régulièrement passant de 16,34°C à 16,96°C , soit une évolution de 0,62°C de plus…Nos étés nous fragilisent !
Au sujet de la Maladie Rénale Proliférative seul le dernier cycle étudié celui de 2017-2018 a révélé un risque d’apparition potentiel au-delà des 15 jours à 15°C avec 17 jours consécutifs relevés…la moyenne « habituelle » de la période étant observée à seulement 10 jours !
Par ailleurs la tendance 2017-2018 est sur tous les paramètres « la plus mauvaise », symbole d’une année que certains qualifieront d’exceptionnelle.
Le recul des 10 années de suivi ne permettant pas d’aller plus loin dans les conclusions.
Par ailleurs la tendance au réchauffement partout dans le département se révèle avec des amplitudes plus ou moins marquées selon les bassins versants. Les températures moyennes des « 30 jours les plus chauds » évoluent très fortement sur certains secteurs, révélant des hausses de plus d’1,5 degrés sur la même période : ce qui est très important, vous l’avez compris, pour la survie des alevins et le maintien de la ressource Truite Fario du Puy de Dôme!
Notre rivière elle, résiste, mieux qu’ailleurs…tant sur ce paramètre que pour les autres comme ceux des débits d’étiage. Résister suffira-t-il ?
Peu importe, le combat continue, notre rivière, notre patrimoine à préserver…