En 2016 nous affirmions notre inquiétude sur le volet agricole du contrat de territoire piloté conjointement par le Syndicat Intercommunal d’Aménagement de la Vallée de la Couze Pavin, de la Couze de Valbeleix et de leurs affluents (SIAV) et par la chambre d’agriculture du Puy de Dôme (CDA63). Aujourd’hui nous vous informons des avancées…
Des aides financières importantes au service de pratiques durables…
Le PAEC (Projet Agro-Environnemental Climatique), complément du contrat de territoire, dont l’objet est de proposer aux agriculteurs la contractualisation de mesures en vue d’un maintien ou d’un changement de pratiques est désormais en action. Le but : réduire l’apport d’intrant dans les sols. Ce plan de gestion quinquennal, financé à 75 % par le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le DEveloppement Rural) et pour les 25 % restants par la DRAAF (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) de la région Auvergne-Rhône-Alpes ou par l’AELB (Agence de l’Eau Loire Bretagne), est bien l’acte concret pour le changement ou le maintien vers des pratiques durables. Prévision initiale : 1 million d’€ supplémentaires d’investissement de tous les contribuables au service des « bonnes pratiques » paysannes sur notre vallée.
Comment réduire les intrants donc ? Par le financement de « l’absence total de fertilisation minérale et organique sur prairies et l’ajustement de la pression de pâturage sur certaines période », « le maintien de la richesse floristique d’une prairie permanente », ou bien encore la « mise en place de lutte biologique »… et aussi par 90 jours/an d’animation pour la chambre d’agriculture, ses salariés et ceux des différents organismes intervenant, comme la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux)… !
Il s’agit donc de proposer aux presque 230 exploitants de la vallée de savoir comment faire paitre nos 13000 bovins et autres ruminants dans les meilleures conditions afin de limiter leurs impacts sur nos ressources collectives, dont l’eau du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne : la présence de Phosphore « surabondant » étant toujours l’élément commun de déclassement de la qualité des cours d’eau de la vallée !
Une mobilisation frémissante…un début d’une prise de conscience ?
La mobilisation générale semble difficile à mettre en œuvre face à l’urgence économique, sociale et environnementale à laquelle ce secteur est confronté. Pour preuve sur les 50 diagnostics individuels d’exploitation pour « les volontaires » offerts, seuls 33 ont été réalisés sur les 3 dernières années.
Comme toujours les journées d’informations 2017 organisées par la CDA 63 visant à « innover » peinent toujours à mobiliser les troupes : 12 présents à Chidrac pour traiter des « couverts végétaux » en octobre dernier, une dizaine à Saurier au sujet de l’abreuvement des animaux…Certes des chiffres en hausse en regard de l’année dernière, mais bien faibles en rapport du nombre de concernés. Ces journées répondent-elles vraiment à l’attente majoritaire? Ou restent-elles de l’affichage? A ce stade nous ne savons pas…Espérons que la CDA 63, elle, sache et prions pour que personne ne vienne à évaluer l’investissement financier en rapport du résultat escompté. Passons!
Dans ce contexte de changement encouragé par les animateurs du Contrat de territoire, le PAEC donc s’engageait à visiter 89 exploitants en 2016-2017! Bien! 31 exploitations se sont finalement engagées lors de la déclaration « PAC 2017 » dont 28 sur le Bassin de la Couze Pavin, soit 1/3 environ des exploitants rencontrés : un résultat encourageant ! Concrètement un espoir de changement des pratiques agricoles portant sur la contractualisation d’environ 1 690 hectares des presque 12 000 potentiellement concernés…soit 14 % de la surface totale en Herbe de notre vallée : un commencement significatif certes, loin d’une révolution aussi!
En revanche, il faut tout de même souligner qu’il s’agit là d’une aide quinquennale moyenne de 28 660 € par exploitant de la vallée pour 14 % de la surface concernée : le prix du changement!
Au bilan, le choix est-il encore possible?
Alors que dire au bilan…avons-nous bien la liberté de développer une critique ou de dénoncer?
Lorsque l’on connait le dévouement des salariés en charge de ces animations que ce soit de la Chambre d’Agriculture ou du SIAV comme ceux de tous ces acteurs du changement espéré, les difficultés sans nom que rencontre notre agriculture engluée dans un système commandé par des lobbys financiers qu’ils ne contrôlent pas, l’urgence de l’adaptation au changement climatique, la volonté des consommateurs à se nourrir de produits « durables » et locaux…commenter des actions tout de même positives semble bien secondaire.
L’esprit cartésien du citoyen aurait bien quelques critiques à émettre à la lecture des volumes financiers dépensés, des impôts de tous investis, et des résultats, quelques doutes sur la volonté réelle des acteurs face à l’urgence d’une situation climatique, sociale et économique qui ne cesse de se dégrader…mais pour servir quel objectif? Dans quel but ?
Avons-nous réellement le choix, le temps de critiquer? Au risque de couper la moindre brise, la moindre initiative positive…Nos rus et nos rases ne font-ils pas les grands fleuves de France! l’enjeu semble bien supérieur.
Alors non il n’y a plus de choix! Il nous faut changer quoiqu’il en coute.
Dans cet esprit il nous faut donc surtout éviter d’avoir des regrets de ne pas avoir tout essayé. Certains, croisés au Carrefour National de la Pêche et des Loisirs, affirmeront que la situation est déjà perdue pour nos contextes salmonicoles locaux, que les élévations de températures planétaires projetées scelleront le sort des dernières truites d’Auvergne, qu’il nous faut déjà réfléchir autrement et s’adapter pour garantir la pratique d’un loisir pêche ancré dans son temps…C’est un choix ! Nous ne le ferons pas! Et s’il est surement nécessaire d’anticiper, rien ne justifie le fait de laisser faire.
Ainsi nous faisons partie de ceux qui pensent qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, surtout pour protéger la Truite des Couzes : notre patrimoine local révélé cette année est lui encore bien vivant ! Mieux que dénoncer, accuser, ou abandonner nos cours d’eau à leur triste sort ainsi projeté, nous pensons qu’il nous faut d’abord encourager, accompagner et espérer pour que toutes les forces du changement escompté soient mobilisées…Sait-on jamais !
Changeons ensemble notre avenir commun !