Malgré l’annonce ce 30 janvier 2018 du changement de gouvernance du Contrat de territoire et les incertitudes qui règnent autour de la continuité de l’action publique après 2019, nous vous rapportons le bilan des actions conduites cette année et présentées à Saurier.
Par-delà l’investissement collectif d’un million d’euros supplémentaires pour les 28 exploitations agricoles locales ayant souscrit au catalogue de mesures du PAEC (Projet Agro-Environnemental Climatique) qui visent à réduire l’apport des intrants (engrais, épandage…) sur près de 14 % des surfaces enherbées de la vallée, action dont nous vous avons parlé dans un article précédent, d’autres mesures ont été mises en œuvre. Nous vous en informons.
Le plan d’eau des Hermines au cœur des débats…
Hors de notre territoire, une zone de reproduction de la truite fario remarquable souffre, la zone dite de la plaine du Gelat entre Besse et Super-Besse et ce depuis la mise en place du Plan d’eau des Hermines en 1968 (réservoir pour les canons à neige). Bloquant le transfert sédimentaire naturel, cette pièce d’eau conduit la Couze Pavin, dés sa source, vers un déficit de sa recharge sédimentaire en aval qui ne cesse de s’amplifier. Plus largement, il génère désormais des aléas liés au maintien des volumes d’eau minimaux sur le cours d’eau (assecs constatés cet été en aval du plan d’eau). Problème de conception des systèmes de vidange, non évacuation des sédiments stockés, assecs : la gestion globale du plan d’eau pose aujourd’hui des problèmes pour sécuriser tous les usages. Plus de 70 000 € ont été investis en étude pour comprendre et envisager des solutions pérennes. Un bassin de sédimentation devrait être créé en aval du plan d’eau ainsi qu’un plan de gestion des vidanges plus abouti : le tout associé à un débit réservé garanti et permanent pour l’aval immédiat. Le but : éviter le comblement du plan d’eau, assurer la recharge sédimentaire aval nécessaire au rétablissement des zones de frai fonctionnelles pour la truite, mais surtout, pour limiter les phénomènes d’érosion et d’incision du cours d’eau sur la plaine tourbeuse…
La protection de berges, encore et toujours…
Au titre de la protection des berges par-delà les abreuvoirs solaires, les pompes à museau et autres passages à gué installés, nous soulignerons les plus de 2500 mètres de mise en défense d’une zone humide effectuée sur l’estive du Grand Joran à Compains : opération réalisée conjointement avec l’entreprise retenue et les 1ere année de Bac Pro du Lycée professionnel agricole de Rochefort Montagne. D’autres actions sont à venir pour 2018-2019, comme le traitement de prés de 8 km de ripisylves sur plusieurs communes de la vallée.
Continuité écologique, le nerf de la guerre…
Action forte et qui nous est chère, le rétablissement de la continuité écologique continue ! Nous nous en étions faits l’écho dans un article précèdent : 4 des 6 principaux ouvrages de notre secteur ont été traités. Les deux derniers sont en phase de validation technique pour ce qui touche aux choix des aménagements sur le ruisseau d’Antaillat situés sur la commune de Meilhaud (des solutions de 15 à 45 K€ pour chacun d’entre eux). Nous espérons voir les travaux réalisés cette année avec ou sans notre participation financière selon le choix technique retenu par la commune. Par ailleurs sur notre sollicitation, notre fédération assurera la maitrise d’ouvrage dans la cadre d’une intervention conventionnée avec les deux communes de Chassagne et du Valbeleix pour traiter un autre ouvrage sur le ruisseau de Sault : un projet chiffré aussi à plusieurs dizaines de milliers d’euros…
En dehors de notre secteur, et malgré le futur traitement du seuil de l’hôpital d’Issoire par la mise en place d’une passe à poissons en contrepartie de l’implantation d’une microcentrale « sur chute » et sans tronçon court-circuité, la situation évolue pour le seuil dit du « centre aéré ». Il suscite nombre de passions : plusieurs ayant droit et un producteur hydroélectrique réfractaires, les riverains du « bief » ad’hoc traversant toute la ville d’Issoire soulevant le problème des eaux usées encore non collectées malgré un important travail (70 particuliers restants sur les 400 initiaux), toujours les riverains au sujet du maintien du bâti ou des prélèvements domestiques « sauvages » qu’ils pensent légaux …une rivière de contournement semble recevoir l’agrément de tous : un projet en centaines de milliers d’euros !
La qualité de l’eau, indispensable à tous…
Par-delà, les analyses physico chimique de l’eau ont aussi été commandées au titre d’un suivi intermédiaire, nous nous en étions fait l’écho dans un article précèdent…13 k€ pour 11 stations suivies. Des résultats encourageants ou plusieurs sites progressent comme évoqué. Nous restons vigilants sur l’apport de phosphore, le paramètre de déclassement commun systématique notamment sur certains tronçons : on citera par exemple le ruisseau de Malvoissière, zone « pépinière » de premier plan, traversant les estives dite de la « plaine des moutons » entre Besse et Chambon sur lac. Ce ruisseau nous « draine » cet apport de manière bien trop constante à notre gout…Que se passe–t-il sur ce territoire bordé de hameaux ? Assainissements individuels défaillants, SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif) inexistant, effluents agricoles mal gérés? La constance de l’apport imposerait de se pencher sur ce secteur hors de la juridiction de tout contrat et de notre territoire !
Par ailleurs, l’inventaire des zones humides de la vallée en vue de leur protection s’est par ailleurs poursuivi : 27 k€ y ont été investis !
Une gestion durable, un projet exemplaire…
Enfin nous citerons le projet hydro morphologique sur la commune de Saint-Vincent et son étude pour 40 K€. Le but : Redonner à la Couze Pavin sa dynamique naturelle dans le respect des usages, près de 200 K€ d’actions potentielles sur les deux kilomètres étudiés afin de limiter les risques d’inondation. Nous nous sommes positionnés pour soutenir financièrement 2 des 10 actions de ce projet en cours d’émergence dans un cadre budgétaire difficile piloté par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne…les arbitrages récents du gouvernement sur la politique de l’eau et sur les budgets des 6 Agences nationales se font déjà sentir au cœur de l’Auvergne ! Nous espérons prochainement pouvoir dévoiler plus de détails.
Mais qui paye !
Au bilan, le seul contrat a investi près de 110 K€ d’actions en 2017 au profit de cette reconquête espérée. Moins de 20 % sont en « auto financement », c’est-à-dire payés par les seules communes concernées par les actions…un ratio très faible. On comprend rapidement que la reconquête de nos cours d’eau dépend de subventions majoritairement pilotées par les Agences de l’eau nationales dont les budgets dépendent de décisions gouvernementales. Un rappel à la vérité à ceux qui claironnent à qui veut l’entendre que ce sont les collectivités locales qui supportent les efforts de reconquête : c’est seulement vrai pour 20 % dans la majorité des cas ! les collectivités locales portent surtout une volonté et c’est souvent le plus difficile à obtenir, quoi qu’on en dise !
En effet ceux qui supportent et qui financent cette reconquête ce sont d’abord les usagers domestiques de l’eau, vous, nous, dans la très grande majorité des cas (près des ¾ des budgets nationaux des agences de l’eau sont issus de taxes payées par les seuls particuliers). Les pécheurs eux sont des « particuliers » privilégiés, puisqu’ils ont « la joie » de participer encore plus à cet effort par l’acquittement chaque année d’une redevance supplémentaire prélevée à l’achat des cartes de pêche et versée à ces agences. (2,38 millions d’euros ont été versés à l’Agence de l’eau Loire Bretagne en 2015 par les 38 fédérations départementales de pêche concernées, alors que les 5722 éleveurs agricoles du même territoire ont versé 2,6 millions d’euros.)
Oui ! Vous, pêcheurs membres des AAPPMA, êtes des sponsors investis de cette reconquête, et nous AAPPMA, FDPPMA, en sommes les garants :
- par l’acquittement de cette redevance mise à disposition de tous pour la reconquête de l’eau,
- par les interventions techniques des salariés de nos structures lors des Comités de Pilotage,
- par le financement direct d’actions, sur nos budgets propres, lorsque nous le jugeons nécessaire !
Cela fait de nous des partenaires de premier plan…rappelons-le aussi à nos élus !